Le service civique, c'est un statut parfois bien complexe dont l’ambiguïté peut soulever des tensions.
Nous sommes volontaires au sein d'un organisme et sommes soumis au Code du service national et non au Code du travail.
Le TRAVAIL ; ce mot grossier, culotté, que je devrais écrire avec des étoiles, ce mot que l'on ne DOIT PAS employer, ce mot que l'on censure sous peine de représailles institutionnelles.
Oui, un service civique n'est pas un contrat de travail.
Nous sommes en MISSION.
Donc lorsque l'on me demande "Tu es étudiante ?" je ne dois pas répondre "Non je travaille." mais plutôt "Non je suis en mission." Vous conviendrez de l'incompréhension qui me fera face.
Pourquoi ne peut-on parler de travail ? Qu'est-ce que le travail ?
Les définitions du Larousse
"Activité de l'homme appliquée à la production, à la création, à l'entretien de quelque chose : Travail manuel, intellectuel."
"Activité professionnelle régulière et rémunérée : Vivre de son travail."
"Toute occupation, toute activité considérée comme une charge : Les enfants, ça donne bien du travail."
Non, mon activité n'est pas rémunérée, pourtant oui, mon activité est appliquée à la production, à la création et à l'entretien de quelque chose.
Le raccourci serait de dire que l'on ne peut pas parler de "travail" car nous ne sommes pas rémunérés et cela fait forcément mauvais genre d'un point de vue institutionnel.
En sociologie, il semblerait que le travail soit "l'ensemble des activités humaines répétitives, pénibles, non gratifiantes et réalisées dans la contrainte . Ex: le travail en usine, les travaux agricoles...."
Non mon service civique n'est pas répétitif, ni pénible, je ne le réalise pas dans la contrainte et il est gratifiant pour la suite. Alors je ne peux pas parler de "travail" juste à cause de ce point de vue sociologique ?
Et les stages et le bénévolat, ce n'est pas du travail ? Pourtant, tous s'accordent pour dire qu'ils "travaillent".
Aujourd'hui, je devrais m'écraser, ne rien dire au lieu de parler et militer ? Pourquoi ? Pour éviter les retombées institutionnelles ? C'est quoi cette censure institutionnelle ? Avons-nous fait un bond en arrière ? Nous ne sommes finalement pas passés en 2014 ? Que sont tous ces non-dits ? Ce favoritisme ambiant ? Pourquoi, avec mes diplômes, j'ai finalement plus de barrières que des non-diplômés qui bénéficient de nombreuses aides ? Pourquoi devrais-je prendre des pincettes dans le vocabulaire que j'utilise ? La libre expression n'est-elle plus ?
Cette année je suis bénévole pour la 5ème édition du Festival Filmer le travail. J'interviendrais à l'occasion lors d'une table ronde sur "Les jeunes face au travail" le mardi 11 février à l'Espace Mendès France.
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